Quand on rencontre Julie Anna Pilote pour la première fois, on ne peut qu’être happé par l’incroyable énergie qu’elle dégage. Diplômée en 2017 du programme Gestion appliquée de la restauration et copropriétaire du restaurant Pigor à Verdun depuis bientôt 2 ans, la jeune entrepreneure est venue nous raconter la réalisation d’un rêve que partagent plusieurs de nos étudiants : celui d’ouvrir son propre restaurant!
Mais rêver de devenir restaurateur, ça arrive comment au juste? « Quand j’étais petite, ma sœur et moi on avait ouvert un restaurant fictif qui s’appelait SaladMan (rires). Dès l’âge de 16 ans, je faisais des plans pour m’ouvrir un resto. Un jour, ma mère m’a dit qu’elle avait trouvé le parfait programme pour moi. Et voilà, je me suis retrouvée à l’ITHQ! »
Mais une fois en uniforme, tout n’est pas rose pour Julie Anna : « J’étais ultra-motivée à apprendre mais disons que j’avais beaucoup d’attitude à casser. La première année, j’ai coulé mon cours de cuisine. Ça m’a tellement fâchée que j’ai décidé d’aller travailler en cuisine… au restaurant Europea! Aujourd’hui, je suis reconnaissante de cet échec parce que ça m’a poussée à faire mon programme en 4 ans plutôt qu’en 3. J’ai ainsi pu travailler en même temps dans des établissements où j’ai appris énormément. Et quand j’ai fait mon 2e cours de cuisine, c’était moi la meilleure! (rires) »
« Je suis contente d’avoir fait ma technique en 4 ans : j’ai pu essayer plein de choses pour savoir que ce que j’ai présentement, c’est bon! »
Après des stages au Rimrock Resort Hotel de Banff et au restaurant H4C, elle décroche un poste de gestion au St-Houblon : « J’ai fait les inventaires, les ressources humaines, créé mes premières cartes de cocktails… J’ai aussi contribué à l’ouverture de leur 2e succursale. » À la suite d’un passage au Grindr et un cours de sommellerie à temps partiel à l’ITHQ, l’envie de prendre une pause se fait sentir.
Or, le fantôme de SaladMan et un local à louer sur la rue Wellington en décideront autrement : « À l’école, j’avais fait un premier plan d’affaires de 45 pages sur un restaurant fictif, plan que j’avais retravaillé à plusieurs reprises avec ma sœur. Un jour, ma coloc me dit qu’elle avait trouvé un local qui correspondait exactement à ce que j’avais en tête.
« J’ai rêvé de ce local pendant un mois. Jusqu’à ce que ma sœur me dise : « Allez Ju, on va aller le visiter! » Je suis entrée et je me suis dit « It’s the one! ». »
Première étape : convaincre le proprio de faire confiance à une fille de 22 ans. Deuxième étape : présenter un plan d’affaires (trop) détaillé et obtenir de l’aide financière. Troisième étape : trouver un chef. « Après avoir demandé des conseils à mon ancienne professeure Mme Faucher, j’ai pensé à Sydney (Gordon, qu’on a notamment vu dans la brigade 2017 de Les Chefs!) qui m’avait pourtant fait la vie dure au Europea. Je voulais un bon chef, mais aussi un bon gestionnaire, quelqu’un qui avait des valeurs similaires aux miennes. Je l’ai texté et lui ai dit : « J’ai un projet. » Il m’a répondu : « Je ne veux pas juste être ton cuisinier. Je veux être ton associé. » Aux deux sœurs Pilote et à Sydney Gordon (d’où le nom Pi-Gor) s’est ajouté un quatrième comparse, le sous-chef Gauthier Mauries.
À travers les aléas des rénovations et les dédales de la course aux permis, la peur de l’échec l’a-t-elle gagnée à un moment ou à un autre ? « C’est sûr que j’ai eu des moments de doute. Mais dans la vie, je me dis tout le temps : qu’est-ce qui peut arriver de pire? Aussi, j’avais confiance en mes capacités, tout en étant consciente que c’était impossible pour moi de faire tout ça toute seule.
« J’ai été chanceuse : ma famille était à 100 % derrière moi. Et mes associés et moi, on se complète. Ensemble, on est vraiment solides. »
Dix-huit mois plus tard, le restaurant Pigor est devenu une adresse chouchou des habitants du quartier. Et pour nos étudiants qui rêvent de suivre ses traces, Julie Anna a quelques conseils : « Pour moi, ouvrir un resto, c’est comme avoir un bébé. Ça nécessite le même investissement, le même sacrifice. Il faut que tu sois là à 100 %. Ça, je le savais déjà, mais là, c’était next level. Une autre chose : la santé, c’est plus important que tout. C’est pour ça qu’on prend 2 jours de congé par semaine et 3 semaines de vacances en janvier. Finalement, si tu veux être heureux dans ce métier, il faut que tu acceptes le fait que ton mode de vie va être différent de celui des autres. Voilà pourquoi il vaut mieux d’être bien accompagné pour le faire! »
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