Jean-Philippe Matheussen, chef et… diplomate!

Depuis qu’il a obtenu son diplôme de l’ITHQ en 2010, Jean-Philippe Matheussen en a fait du chemin, des Trois Petits Bouchons en passant par le M sur Masson, l’émission Les Chefs! et Le Chasseur. Cette diversité d’expériences combinée à une solide formation l’ont certainement préparé à relever un défi de taille : être un ambassadeur de la cuisine d’ici et faire découvrir le savoir-faire québécois en tant que chef à la Délégation générale du Québec à Paris.

Comment t’es-tu retrouvé dans la cuisine de la Délégation?

Marc Galli, coordonnateur à l’ITHQ, a publié une annonce sur sa page Facebook à ce sujet. Je ne l’avais pas vu passer, mais mon amie Laurence (Frenette, de l’émission Les Chefs!) m’a appelé pour me dire : « Tu n’étais pas intéressé à aller travailler en France, toi? ». J’ai passé l’entrevue et ils m’ont dit le lendemain que j’avais la job!

Parle-nous de ton expérience là-bas.

J’avais une grande cuisine. Je faisais tout de A à Z : mes commandes, mes menus, ma vaisselle. Ce n’est pas comme dans un resto. Je n’avais pas de coup de feu ou une brigade à gérer.

Du lundi au vendredi, je faisais le lunch pour le délégué et son épouse, en plus de préparer un repas qu’ils pouvaient réchauffer le soir. Il y avait aussi 2 à 3 événements officiels par semaine : repas, cocktails, petits déjeuners et buffets. À la Saint-Jean-Baptiste, on a reçu 200 personnes à la résidence. Je pouvais bien sûr engager du personnel pour m’aider lors de ces occasions.

Qu’as-tu appris?

C’était un défi d’être tout seul et de devoir se renouveler sans cesse. J’avais de la créativité avant de partir, mais pas tout seul : en gang. À Paris, je n’avais personne avec qui créer, ce qui m’a poussé à devenir plus autonome.  

Les 6 premiers mois, j’ai trouvé ça difficile. Les 6 derniers, j’étais comme sur une vague. Chaque jour, je faisais du nouveau. Comme je devais aussi faire les desserts, j’ai développé mes compétences en pâtisserie. Je ne pouvais quand même pas faire un beau plat principal et juste « jeter du sucre » là-dessus!

Et Paris, c’était comment?

J’ai eu la chance de faire un stage dans la région de la Loire pendant ma formation à l’ITHQ, alors j’étais déjà familier avec la culture française. Vivre à Paris m’a donné l’occasion de découvrir des petits cafés et des petits restos avec de jeunes chefs qui font les choses à leur manière, un peu comme à Montréal.

Quand il y a eu les attentats de Paris, j’étais dans un restaurant qui s’appelle le Clamato, où une finissante de l’ITHQ, Érica Archambault, travaille. On jasait, on buvait du vin, puis soudain, le gros feu d’artifice. Des balles frappaient le mur extérieur. Personne ne savait comment réagir. On est restés barricadés dans le resto pendant des heures pour finalement prendre un taxi dans une ville en plein bordel.

Cette expérience ne m’a pas empêché de voyager : j’ai mangé au nouveau resto des frères Adrià à Barcelone, passé une nuit dans le désert au Maroc, vu Nice, Monaco… J’avais un visa diplomatique, alors c’est super facile de voyager avec ça!

Parce qu’on est un peu curieux… as-tu rencontré des personnalités connues?!

Le délégué a de nombreux amis dans le domaine culturel. Je me rappelle d’un soir où il est venu me chercher en cuisine : « Viens, viens, Jean-Philippe! Robert (Charlebois) va nous faire des chansons au piano! ».

Quels sont tes projets pour le futur?

Après un an en France, je reviens comme chef exécutif au Thursday’s. On va faire de belles choses!