Hugo Duchesne : le goût du dépassement

Du 16 au 19 octobre, notre professeur de la Formation internationale en service et sommellerie Hugo Duchesne (Meilleur sommelier du Québec 2020) et notre diplômé Pier-Alexis Soulière (Meilleur sommelier des Amériques 2018) représenteront le Québec au concours Meilleur sommelier du Canada, qui se tient cette année à Vancouver. À quelques jours du grand départ, nous avons rencontré Hugo afin qu’il nous parle de cette expérience forte en adrénaline.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de participer à ce concours?
Le déclic s’est produit pour moi en 2019, lors du concours Meilleur sommelier du monde, à Anvers, en Belgique. J’y accompagnais Carl [NDLR : Carl Villeneuve Lepage, diplômé de l’ITHQ et Meilleur sommelier du Canada 2017] en tant que coach.

En regardant les candidats, les horaires et la scène, j’ai senti que je n’étais pas dans la bonne chaise. J’avais vraiment envie d’être à leur place! C’est donc à ce moment que j’ai décidé de participer au concours Meilleur sommelier du Québec, que j’ai remporté en 2020.

Crédit photo : ACSP Québec | Émilie Delorme, photographe

Participer à ce genre de concours demande un très haut niveau d’engagement. Comment fais-tu pour tout gérer en même temps?
En plus de la préparation pour les concours, j’enseigne à temps plein et je continue aussi à travailler sur le plancher les vendredis et samedis soir. Mais je ne suis pas workaholic. J’ai trois enfants, une amoureuse. J’ai une vie remplie, c’est vrai, mais je la considère bien équilibrée.

Les concours, c’est intense, mais il faut dire aussi qu’avec ma préparation pour le Court of Master Sommeliers, je savais dans quoi je m’embarquais. C’est super difficile de l’obtenir : il y a seulement 200 Master Sommeliers dans le monde, dont 2 Québécois, Élyse Lambert et Pier-Alexis [Soulière]. J’ai commencé en 2015 et je suis rendu au grade 4, le dernier avant l’examen théorique. Je dis souvent que c’est un peu comme mon PhD à moi! 

Justement, tu as une maîtrise en littérature de l’Université McGill. Pourquoi as-tu bifurqué vers la sommellerie et en quoi tes études en littérature influencent-elles ton travail?
Pendant mes études, je travaillais dans une fromagerie (Hamel pour ne pas la nommer). Mon patron était un amateur de vin et il recevait des caisses à la boutique. Quand je les ouvrais, je lisais les appellations, et ça me faisait voyager! J’étais tellement curieux d’aller voir ce monde du vin qu’après la maîtrise, j’ai décidé de prendre une pause avant le doctorat pour faire un cours de sommellerie. Je ne suis plus jamais retourné!

Mes études en littérature m’ont beaucoup influencé, ne serait-ce que dans l’expression, le plaisir de rendre en mots une expérience. Il faut aussi dire que pour étudier la climatologie, les cépages, la géologie, l’histoire, ça prend une excellente méthode de travail. Finalement, je voulais faire mon doctorat pour enseigner – et je me suis quand même retrouvé en enseignement! 

Qu’est-ce qui fait ta force dans ce concours? Qu’est-ce que tu trouves plus « challengeant »?
Je n’ai pas une force plus qu’une autre. Mais j’essaie de ne pas avoir beaucoup de faiblesses (rires)! Plus sérieusement, je pense que ma force, c’est la pédagogie. C’est le fait que j’enseigne.

Mon défi, c’est assurément la gestion du stress.

« Participer à ce concours, c’est accepter de se mettre en danger. De se mettre à nu devant ses pairs. Sans goaler, sans coéquipier. Ça demande une bonne dose de confiance mais aussi d’humilité. »

Hugo avec son collègue et coach, Romain Gruson

Un concours comme ça, ça ne se prépare pas seul. Comment es-tu soutenu par ton entourage et ta communauté?
L’ITHQ aide beaucoup, c’est certain. En plus de mon coach, Romain Gruson, j’ai deux super équipes qui m’appuient (au H3 et au Coureur des bois). Ma blonde me soutient dans ce projet. Et mes anciens étudiants m’aident à me préparer. Minh Doan, par exemple, prend un malin plaisir à me préparer les examens théoriques les plus complexes au monde! 

Qu’est-ce que tu as envie de transmettre à tes étudiants avec cette expérience? 
Je ne veux pas sonner comme le gars altruiste qui fait tout pour les autres, mais s’il y a une raison pour laquelle les concours m’ont appelé, c’est bien pour devenir un meilleur leader, dans l’industrie et auprès de mes étudiants.

Je sais que je ne suis pas la flavor of the month. Je n’ai pas 24 ans. Je suis un vieux « somm », un jeune prof et un débutant dans les concours. Mais je sais aussi qu’avec cette expérience et avec celle du Court of Master Sommeliers, je montre l’exemple à mes étudiants. Et en prêchant par l’exemple, ça me permet aussi de leur en demander un peu plus!

« J’ai envie qu’on me voie comme un prof, un sommelier et un collègue qui va jusqu’au bout des choses. Sur mon lit de mort, je vais pouvoir me dire : « C’était les belles années où j’y allais à fond! »  »

Un conseil pour les jeunes et moins jeunes qui rêvent de faire ce métier? 
Ceux et celles qui sont bons là-dedans gagnent vraiment bien leur vie : ils voyagent, ils apprennent, ce qu’ils font n’est jamais routinier. Mais ne faites pas l’erreur d’être trop gourmands trop vite. Soyez patients : les bons vins et les humains magnifiques viendront à vous bien assez vite!


La finale du concours Meilleur sommelier du Canada aura lieu le mardi 19 octobre, à 14 h 45 (heure de l’Est).

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