Approvisionnement local : quand l’ITHQ aide les institutions à mettre plus de Québec dans leurs assiettes

Saviez-vous que l’ITHQ offrait un service d’accompagnement gratuit aux institutions publiques du Québec afin de les aider à prioriser l’approvisionnement local? À l’occasion de la semaine « Les institutions mangent local » qui a lieu du 23 au 29 septembre, nous avons rencontré Brigitte Marcotte, chargée de projet et cheffe de l’équipe SNAAQ, afin qu’elle puisse nous en dire plus à ce sujet.

Allô Brigitte! Dis-nous, ça veut dire quoi, la SNAAQ?
La SNAAQ, c’est la Stratégie nationale d’achat d’aliments québécois. C’est une stratégie du gouvernement du Québec qui a été lancée il y a 4 ans et qui est portée par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation. 

Quel est l’objectif de cette stratégie?
L’objectif, c’est que les institutions publiques (dont l’ITHQ fait d’ailleurs partie) accroissent leur volume d’achat d’aliments locaux.

En gros, ce que le gouvernement souhaite, c’est que nos écoles, nos hôpitaux et nos services sociaux achètent et consomment davantage d’aliments qui sont produits au Québec.

Brigitte Marcotte

Chargée de projet et cheffe de l’équipe SNAAQ, ITHQ

Plus précisément, l’objectif est que d’ici 2026, 100 % des institutions publiques se soient fixé une cible d’achat d’aliments locaux. Ce qui est tout à fait atteignable parce qu’en 2024, nous sommes déjà rendus à 92 %!

Et le rôle de l’ITHQ dans tout ça?
En 2020, en prévision du lancement de la SNAAQ, le gouvernement avait compris que les institutions allaient avoir besoin d’aide pour atteindre leurs objectifs. Il avait donc approché différents partenaires qui avaient non seulement l’expertise mais aussi la structure pour leur apporter du soutien. Comme l’ITHQ est reconnu pour son expertise en gastronomie, en produits du Québec et en pédagogie, c’était un partenaire de choix pour venir en appui au projet.

L’équipe-conseil du Service d’accompagnement en approvisionnement local de l’ITHQ, en visite au grand salon international alimentaire SIAL Canada en mai dernier.

Notre rôle à nous, c’est d’offrir de l’accompagnement. Nous avons 9 conseillères et conseillers en approvisionnement local qui sont dispersés aux 4 coins du Québec. Cette équipe travaille avec les institutions publiques dans 3 secteurs visés : l’Éducation (les écoles primaires et secondaires), la Santé et les services sociaux (les CISSS, les CIUSSS, les CHSLD, les centres de réadaptation, etc.) et l’Enseignement supérieur (les cégeps et les universités).

« Aujourd’hui, ce sont près de 900 institutions qui sont accompagnées par l’ITHQ, soit plus de 50 % de celles qui sont visées par la Stratégie. »

Quel genre d’accompagnement offre-t-on à ces institutions?
La première étape, c’est de les aider à déterminer la provenance de leurs aliments. Cela nous permet d’identifier les catégories d’aliments qui performent moins bien en matière d’achat local. À partir de cette analyse, on leur fait des recommandations et on leur propose des substitutions.

« Par exemple, plutôt que d’utiliser de l’ananas pour faire un mijoté de poulet aux ananas, pourquoi ne pas utiliser le panais, qui est un produit de chez nous? »

Cela dit, notre rôle n’est pas de changer la nature de leur offre alimentaire. C’est plutôt de les aider à saisir les opportunités qui sont « payantes » et qui vont les aider à atteindre la cible qu’elles se sont fixée. C’est d’ailleurs un travail qui se fait entièrement en mode collaboratif avec les équipes en place.

Justement, est-ce que ça a été difficile de convaincre les institutions d’embarquer dans ce projet?
C’est certain qu’au début, elles ne savaient pas trop dans quoi elles s’embarquaient! Il a fallu qu’on commence par faire connaître la Stratégie et qu’on les aide à comprendre les attentes gouvernementales. On a aussi eu certains mythes à déboulonner, notamment au sujet des barrières que peuvent entraîner les règlements et procédures que doivent suivre les institutions publiques.

Mais 4 ans après le début du projet, on peut dire qu’on sait où on s’en va! Et puis, nous avons su adapter notre service d’accompagnement aux besoins que les institutions nous ont exprimés.

« C’est vraiment satisfaisant de voir que des institutions qui étaient un peu frileuses au début ont maintenant envie d’être encore plus ambitieuses dans leurs objectifs. »

Ça ressemble à quoi le futur de la SNAAQ?
C’est sûr que notre but, c’est d’atteindre le 100 %! On veut amener les institutions qu’on accompagne à aller encore plus loin dans leur démarche. À titre d’exemple, on a des institutions qui nous ont demandé de développer des recettes pour mettre en valeur les produits d’ici. Avec l’expertise à l’ITHQ, c’est certain qu’on a embarqué à 100 à l’heure dans ce genre de projet!       

Un bel exemple de collaboration réussie : l’équipe du Service d’accompagnement en approvisionnement local et les chefs de l’ITHQ ont créé des recettes à base d’algues du Québec pour aider l’UQAM à obtenir la certification Fourchette bleue. Crédit photo : Audrey Laferrière

Finalement, on aimerait aussi travailler sur l’offre, en aidant les producteurs et les productrices d’ici à développer des produits qui répondraient encore mieux aux besoins des institutions.

« Des flocons de patates locales, ça n’existe pas au Québec. Mais si tu sais que tu as 13 CISSS et 9 CIUSS qui vont les acheter tes flocons de patates, peut-être que tu vas trouver que ça vaut le coup de la développer, cette offre! »

Et le futur de l’alimentation au Québec?
Quand on parle d’approvisionnement local au sein des institutions publiques, on parle du « pouvoir du volume » : quand un individu achète des carottes du Québec, c’est bien. Mais quand une université ou un gros hôpital décide d’acheter toutes ses carottes de provenance québécoise alors qu’elle ne le faisait pas avant, c’est encore mieux!

Et c’est ce genre de changement qui peut contribuer à faire évoluer les choses et permettre que nos aliments, qui sont de très grande qualité, nourrissent notre population.

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