Partie remise pour l’équipe Bocuse d’Or Canada

Publié le 11 mars 2021

Nouvelles

Prix et concours

Professeurs

Bocuse d’Or Canada a récemment annoncé le retrait de son équipe (notre équipe!) de la finale du plus prestigieux concours gastronomique au monde, le Bocuse d’Or, qui devrait se tenir à Lyon, en septembre 2021. Une décision déchirante qui s’est imposée dans le contexte que l’on connaît. Plusieurs autres gros joueurs se sont aussi désistés, notamment l’Angleterre, le Belgique, la Chine, l’Australie et les États-Unis.

Entretien avec notre professeur Samuel Sirois, candidat de l’Équipe Canada, et son coach, Gilles Herzog, également professeur à l’ITHQ.

Le choc de la nouvelle

« Sur le coup, c’est vrai qu’on était sous le choc. Comme candidat, j’ai d’abord eu l’impression de me faire voler mon rêve », explique Samuel, encore affligé par les événements. « On pensait à ce concours nuit et jour et, brutalement, tout s’est arrêté », ajoute Gilles.

Samuel, lors de sa victoire à la sélection canadienne du Bocuse d’Or en février 2019

En effet, depuis deux ans, les trois membres de l’Équipe Canada (complétée par le commis Alexy Jetté, un diplômé de l’ITHQ) ont fait de ce projet le cœur de leur vie, s’astreignant à une routine d’entraînement digne des plus grands athlètes olympiques. Tout était en place pour que Samuel ait une chance de monter sur le podium et que le Canada devienne pour la première fois de son histoire, l’un des finalistes de la plus grande compétition culinaire du monde.

Or, la pandémie qui fait rage a forcé l’annulation de la compétition des Amériques qui devait se tenir au Pérou et provoqué quelques reports de la finale à Lyon. Il devenait de plus en plus difficile d’anticiper la suite. « C’est très usant, mentalement. Tu es sur les blocs de départ sans jamais savoir si tu pourras t’élancer », illustre Samuel.

Pour les coéquipiers, il fallait aussi prendre en considération l’industrie de la restauration qui vit actuellement une crise sans précédent. « Quel signal aurions-nous envoyé à nos pairs qui, depuis un an, ont dû tout repenser pour survivre, à ceux qui ont perdu leur travail ou carrément dû renoncer à leur entreprise? », se désole Samuel.

Retrouver l’enseignement et les étudiants

Après l’annonce du retrait de l’Équipe Canada de la compétition, les deux professeurs de cuisine ont très rapidement repris le chemin des classes. « En ce moment, j’enseigne au programme Cuisine supérieure et je me régale, lance Gilles. J’ai beaucoup de plaisir à retrouver les étudiants! Ils sont très curieux de ces deux années consacrées à la recherche et au développement pour le Bocuse d’Or. C’est une expérience qui crée beaucoup d’intérêt. »

La transmission de leur (nouveau) savoir est un concept qui, dès le début de cette aventure, a largement motivé les deux enseignants. Rappelons que tout compte dans une compétition d’envergure comme le Bocuse d’Or : de l’esthétique aux saveurs, en passant par le temps et la fluidité d’exécution. Le Centre national d’entraînement Bocuse d’Or Canada construit à l’ITHQ, où Samuel, Gilles et Alexy ont passé des centaines d’heures au cours des derniers mois, est devenu un véritable laboratoire de la gastronomie canadienne.

« L’expérience Bocuse d’Or, c’est assurément un plus pour l’ITHQ. Ça faisait partie de nos objectifs, le fait de léguer aux jeunes les connaissances acquises au fil de nos expériences. Et c’est sans compter le réseau exceptionnel de chefs que nous avons développé, au Canada comme à l’international. De précieux contacts dont on a bien l’intention de faire profiter nos étudiants! –Samuel Sirois »

Une profonde gratitude

Samuel et Gilles mentionnent tous deux l’engagement d’Alexy, leur jeune et brillant commis, qui a un bel avenir devant lui. « On est des gars sensibles, confie Gilles. Alexy évolue avec nous depuis le début. C’est très dur de le laisser partir. »

Alexy, Samuel et Gilles : le coeur ithquois de l’équipe Bocuse d’Or Canada

Extrêmement reconnaissants, tous trois tiennent également à souligner le soutien indéfectible qu’ils ont reçu de la communauté ithquoise tout au long de leur entraînement.

D’abord, le coach : « On était trois à travailler côte à côte dans notre cuisine, mais derrière nous, il y avait plein de gens sans qui cette expérience n’aurait pas été possible : les chefs d’atelier, les employés qui travaillent au Petit matériel, nos collègues professeurs qui, pendant « qu’on s’amusait », se démenaient pour offrir un enseignement de qualité à nos étudiants, les étudiants eux-mêmes qui passaient nous saluer, la direction qui a tout mis en œuvre pour nous permettre de vivre ces moments uniques… J’aimerais tous les remercier. Pour moi, ça a toujours été un travail d’équipe avec tous les membres de la grande famille de l’ITHQ. »

Samuel renchérit : « J’espère sincèrement pouvoir participer au Bocuse d’Or des Amériques en 2022 puis à la finale de Lyon en 2023 pour représenter le Canada, mais aussi l’ITHQ et toute sa communauté. Je suis d’une reconnaissance absolue et j’espère ne pas les décevoir. »

En effet, l’Équipe Canada actuelle n’a peut-être pas dit son dernier mot… « Le Bocuse d’Or, c’est une manière exceptionnelle de faire rayonner notre gastronomie à l’international. Et quand la pandémie sera derrière nous, on voudra attirer le monde entier vers nos destinations d’exception. Ce serait notre humble participation à cet objectif national. Et ce sont nos diplômés, devenus les piliers de cette industrie, qui en profiteront! », conclut Samuel avec philosophie.

En espérant que ce ne soit, en effet, que partie remise!